Le jeudi 30 mai, au Bar du Midi, la salle principale était remplie. Pas de turfistes, pas d’accoudés au comptoir. Non, la salle était pleine de gens assis, de gens debout, tournés vers la récente estrade.
Évidemment, le quart d’heure nîmois étant de mise, le rendez-vous de 18h a allumé les micros à 18h35. Information coup de tonnerre dans le monde des médias du coin : le Club de la Presse et de la Communication du Gard organise une rencontre, animée par Agathe Beaudouin et Estelle Henry, avec Antoine Chao au PMU du Boulevard Gambetta !
Antoine Chao, c’est un nom puis une voix que beaucoup connaissent. Trompettiste de la Mano Negra dans les années 80-90 avec son frère, un certain Manu, puis membre de la compagnie de théâtre « Royal de Luxe ». Dans les années 2000, Antoine rejoint la bande de Daniel Mermet pour l’émission « La-bas si j’y suis » sur France Inter, il y aura aussi « Comme un bruit qui court » et « C’est bientôt demain ».
Sauf que !
L’émission hebdomadaire « C’est bientôt demain », dans laquelle Antoine Chao apportait chaque semaine un quart d’heure de reportage sur les luttes écologiques et sociales, va être amputée de ce dernier. La nouvelle tombe. Une inquiétude en plus pour les journalistes qui prennent la parole ce soir, dans une période où sont également présents l’affaire Guillaume Meurice, qui questionne la liberté d’expression, et le projet de mutualisation entre France Bleu et France 3.
Ce soir là, Sylvie Duchesne, journaliste à France Bleu Gard Lozère, et Alexandre Rozga, journaliste à France 3 Pays Gardois, prennent également la parole. Chacun exprime cette peur de « perdre ce qui était possible », cette « injonction à faire taire les réflexions sur le service public ».
Les cordonniers mal chaussés ou journalistes mal informés
Cette fragilisation de la parole, de la parole plurielle, attriste. Elle attriste les visages certes de celles et ceux qui parlent au micro, mais également ceux de la salle dans laquelle de nombreuses personnes se sentent concernées. Alexandre Rozga alerte sur l’ironie de la situation : être un journaliste mal informé, « Sur la fusion, on ne sait rien ». Seules des rumeurs laissent présager du futur itinéraire. « Si la ligne éditoriale change, on craint la perte du lien et du temps offerts par les reportages. La perte de l’identité de notre métier ».
Lorsque Sylvie Duchesne déplore le nombre élevé de journalistes quittant la profession, Antoine Chao entrevoit un espoir dans les nouveaux médias indépendants. À peine le sujet abordé, l’heure de rencontre et d’échange se termine. Du moins officiellement. Une fois descendus de l’estrade, à peine les remerciements étant lancés, les intervenantes, intervenants et animatrices continuent la discussion avec celles et ceux présents dans la salle. Cette fois le verre dans la main et, toujours, la parole libre.
Texte et photos de Channel Roig
Découvrez le Club de la Presse et de la Communication du Gard
Écoutez en podcast les instantanés sonores de Antoine Chao dans l’émission « C’est bientôt demain »