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– Monsieur pardonnez-moi
de vous importuner
quel bizarre chapeau
vous avez sur la tête !
– Monsieur vous vous trompez
car je n’ai plus de tête
comment voulez-vous donc
que je porte un chapeau !
– Et quel est cet habit
dont vous êtes vêtu ?
– Monsieur je le regrette
mais je n’ai plus de corps
et n’ayant plus de corps
je ne mets plus d’habit
– Pourtant lorsque je parle
Monsieur vous répondez
et cela m’encourage
à vous interroger :
Monsieur quels sont ces gens
que je vois rassemblés
et qui semblent attendre
avant de s’avancer ?
– Monsieur ce sont des arbres
dans une plaine immense
Ils ne peuvent bouger
car ils sont attachés
Monsieur Monsieur Monsieur
au-dessus de nos têtes
Quels sont ces yeux nombreux
qui dans la nuit regardent ?
– Monsieur ce sont des astres
Ils tournent sur eux-même
et ne regardent rien
– Monsieur quels sont ces cris
quelque part on dirait
on dirait que l’on rit
on dirait que l’on pleure
on dirait que l’on souffre ?
– Monsieur ce sont les dents
les dents de l’océan
qui mordent les rochers
sans avoir soif ni faim
et sans férocité
– Monsieur quels sont ces actes
ces mouvement de feux
ces déplacements d’air
ces déplacements d’astres
roulements de tambour
roulements de tonnerre
on dirait des armées
qui partent pour la guerre
sans avoir d’ennemi ?
– Monsieur c’est la matière
qui s’enfante elle-même
et se fait des enfants
pour se faire la guerre.
– Monsieur soudain ceci
soudain ceci m’étonne
Il n’y a plus personne
pourtant moi je vous parle
et vous vous m’entendez
puisque vous répondez !
– Monsieur ce sont les choses
qui ne voient ni entendent
mais qui voudraient entendre
et qui voudraient parler
– Monsieur à travers tout
quelles sont ces images
tantôt en liberté
et tantôt enfermées
Cette énorme pensée
Où des figures passent
Où brillent des couleurs ?
– Monsieur c’était l’espace
et l’espace
se meurt
Pour en savoir plus sur :
Jean-Christophe Fossard
Le Temps d’une petite prose
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